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Marcel Allain
Fantômas al cinema |
... Mi chiede che ricordo ho di Feuillade, dell'uomo, del suo lavoro? Sono felice di risponderle. Sento, semplicemente, di essere in debito con lui. Perché gli devo molto: buona parte del successo dei primi volumi di Fantômas, e, ancora, quello che posso sapere della messa in scena - meglio, dell'adattamento cinematografico - di un romanzo.
Se qualcuno fa finta di non ricordare che egli fu un precursore geniale, io me ne ricordo con grande emozione! E con grande riconoscenza...
Feuillade! Ci accolse, Souvestre e me, romanzieri alle prime armi, nello studio a vetri dove - ma sì! - regnava sovrano, qualche giorno dopo che, per telefono - ma sì, ancora! - avevamo affidato il destino del nostro eroe alla potente azienda che firmava i propri film con una margherita.
Imponente, solido, con una voce dallo spiccato l'accento meridionale, venne verso di noi a mani tese: - Sono felice di girare Fantômas! Faremo un ottimo lavoro, vedrete!
E abbiamo visto. Abbiamo imparato i segreti del cinema che stava nascendo. Feuillade diceva: - Voi dovete darmi delle idee! Se mi piaceranno cercherò di tradurle in immagini...
Tradurle, non tradirle! Lui è stato, sicuramente, il primo a portare una storia sullo schermo, a raccontarla, così come era stata inventata dagli autori...
Bisogna forse sottolineare che non si fa più così? Si può addirittura pensare che, forse, un bel giorno, si ritornerà a questa tecnica che non faceva mai di un soggetto una sequela di enigmi in cui i personaggi si mescolano confusamente, in cui la trama ignora la necessaria suspense?
Un bel caratterino, comunque, Feuillade! Sapeva esattamente cosa voleva e cosa rifiutare! Sempre pronto, anche, a discutere furiosamente. Ma ancora più pronto a cogliere, magari perfezionandolo, un consiglio che gli sembrava buono.
- Rifare! - Tuonava all'improvviso. - Gli autori dicono...
La spiegazione di come modificare la scena era chiara, definitiva, sempre in funzione del modo di recitare di questo o quell'attore. Non imponeva una certa recitazione. La ispirava. Sembrava che interpretasse lui stesso tutti i ruoli e contemporaneamente lasciasse del tutto liberi i suoi attori! E di questo, ne sono certo, Navarre, Bréon, Melcior, Mme Renée Carl, erano pienamente consapevoli.
Il fatto è che sul set la diplomazia di Feuillade era tutta particolare: vera cortesia e autorità assoluta si mescolavano.
Spesso Souvestre ed io eravamo accanto a lui. Facevamo, allora, un lavoro di équipe? Di quando in quando osavamo fare una critica, una domanda. Non se la prendeva mai. Talvolta rideva apertamente e sulle sue labbra si leggeva l'approvazione: - Ma avete ragione! Ho fatto una sciocchezza! Rifacciamo! Rifacciamo!
Non ignorava certo il proprio talento. Sapeva bene quanto valeva. Ma lavorare bene era per lui del tutto naturale. Nessuno è stato meno artificioso di lui. Ma una critica sbagliata lo mandava fuori dai gangheri. Allora teneva duro, rifiutava ogni modifica. Qualche volta era molto sprezzante: - Gli autori sono d'accordo!
Dopo di che ogni discussione cessava.
Il fatto è che la regia non era una faccenda semplice all'epoca...
Fantômas è un romanzo d'azione. Gli scontri sono continui, gli inseguimenti si susseguono. E questo mette sotto pressione! Questo - mi si passi il termine - agita! Bisognava rendere questo movimento, queste concatenazioni, bisognava complicare e semplificare allo stesso tempo! Feuillade ci riusciva apparentemente senza fatica. Insomma, tutto questo movimento, da tradurre in immagini, occorreva prenderlo da dei libretti di 400 pagine e fermarlo nel "campo" ristretto, delimitato dalle cordicelle tese davanti alla cinepresa, a quel tempo rigorosamente immobile!
Da questa specie di liceo che a quel tempo era uno studio, ho visto Feuillade uscire un po' provato a causa delle acrobazie intellettuali che aveva compiuto per tutto il giorno dirigendo il suo palcoscenico. Ma risplendeva di gioia, cinque minuti dopo, quando lui, Souvestre ed io andavamo a mangiare, quasi sempre al ristorante dei Buttes-Chaumont. Qualche volta portava Bout de Zan, allora all'apice della fama. E, per occuparsi dell'attore-bambino, l'uomo cambiava, diventava infinitamente paziente, paterno, amichevole...
Parlavamo, insomma, a cuore aperto. Confessavamo progetti, speranze, paure. C'era la semplice modestia di chi vuol fare un buon lavoro. - Allora, lo trovate buono il montaggio? Va tutto bene? Niente da dire?
Sì, scrivendo queste righe pago un debito, quello dell'amicizia che nasce dall'ammirazione...
Dopo che la guerra aveva tragicamnte bloccato Fantômas, e dato che il "sonoro", più tardi, aveva completato - e complicato - gli effetti cinematografici, Fantômas ha conosciuto - o subìto - altri registi. Ancora oggi, dopo che Gaumont ha acquisito i diritti, il Maestro del Terrore sta per fare una nuova apparizione sullo schermo...
Mi si perdonerà se, alla fine di questo veloce ritratto che ho cercato di fare dell'amico che rimpiango moltissimo, Louis Feuillade, confesso di sperare ardentemente che sul set ci siano ancora la stessa cordialità, lo stesso entusiasmo, in una parola la stessa bravura che fu l'anima dei primi Fantômas, involgariti dal cinema successivo?...
[ns. trad. da: Francis Lacassin,
Louis Feuillade, Seghers, 1964]
... Vous me demandez quel souvenir j'ai conservé de Feuillade,
de l'homme, de son travail ? J'ai plus qu'un plaisir à vous
répondre. J'ai tout simplement le sentiment de payer une
dette. Car je lui dois beaucoup: une bonne part du succès
des premiers volumes de Fantômas, et encore ce que je puis
savoir de la mise en scène - de la mise à l'écran
- plutôt - d'un roman.
Si d'autres feignent d'oublier qu'il fut un précurseur génial,
j'ai moi une très vive émotion à m'en souvenir!
Et je m'en souviens avec reconnaissance...
Feuillade ! Il nous accueillit, Souvestre et moi, bien jeunes romanciers,
dans le studio vitré - mais oui ! - où il régnait
en maître, quelques jours après que, par téléphone
- mais oui, encore ! -, nous avions confié le destin de notre
héros à la puissante firme qui signait ses films d'une
marguerite.
Grand, solide, parlant d'une voix où chantait l'accent méridional,
il s'avançait vers nous les deux mains tendues :
- Je suis enchanté de tourner Fantômas ! Nous allons
faire du bon travail ! vous verrez !
Nous avons vu. Nous avons appris les secrets naissants de la caméra
d'alors. Feuillade disait :
- A vous de me donner des idées ! si elles me plaisent, je
me charge de les traduire en images...
De les traduire. Pas de les trahir ! - il a été, je
crois bien, le premier à raconter une histoire à l'écran,
à la raconter telle que les auteurs l'avaient inventée...
Faut-il écrire que l'on a changé cela ? Faut-il oser
penser que, peut-être, un beau jour, on reviendra à
cette technique qui ne faisait jamais d'un scénario une suite
d'énigmes où les personnages se confondent, où
l'intrigue ignore le clair suspense ?
Pas docile, pourtant, Feuillade ! Sachant ce qu'il voulait et ce
qu'il n'acceptait pas ! Prompt, même, à de rapides
emportements. Mais plus rapide encore à saisir, puis à
perfectionner, une suggestion qu'il jugeait bonne.
- A refaire ! tonnait-il soudain. Les auteurs disent...
Et l'explication de la scène changée était
nette, définitive, toujours faite en fonction de la sorte
de talent qu'il reconnaissait à tel ou tel interprète.
Il n'imposait pas un jeu. Il l'inspirait. C'était à
croire qu'il jouait lui-même tous les rôles et qu'il
laissait entièrement libres ses acteurs ! Cela, je suis bien
certain, cependant, que Navarre, Bréon, Melchior, Mme Renée
Carl en avaient à peine conscience.
C'est que sur le plateau, la diplomatie de Feuillade était
particulière: courtoisie réelle et suprême autorité
s'y mêlaient.
Nous étions, Souvestre et moi, bien souvent à ses
côtés. Faisions-nous donc un travail d'équipe
? Sûrement pas ! De loin en loin, nous nous permettions une
remarque, une question. Jamais il ne s'en formalisait. Parfois il
riait franchement et l'aveu spontané montait à ses
lèvres :
- Mais vous avez raison ! J'allais faire une sottise ! On reprend
! On reprend !
Il n'ignorait certes pas son talent. Il savait ce qu'il valait.
Mais bien faire lui était naturel. Personne n'a jamais été
moins " poseur ". Mais une critique non fondée
le mettait hors de lui. Alors il tenait bon, refusait tout changement.
Parfois il jetait, très rogue :
- Les auteurs sont d'accord !
Après quoi toute discussion s'arrêtait !
C'est que la mise en scène n'était guère facile
à l'époque...
Fantômas est un roman d'action. Les incidents se multiplient.
Les poursuites se suivent. Cela remue ! cela - que l'on me passe
l'expression - cela grouille ! Et il fallait rendre ce mouvement,
ces enchaînements, intriguer et expliquer à la fois! Feuillade y réussissait sans paraître peiner. Pourtant,
toute cette vie, que reconstituait l'image, il fallait la capter
dans des bouquins de 400 pages et l'enfermer dans le "champ" étroit que limitaient les ficelles tendues devant
la caméra alors rigoureusement immobile !
De cette sorte de gymnase qu'était, à l'époque,
un studio, j'ai vu Feuillade sortir un peu essoufflé des
acrobaties intellectuelles qu'il avait réalisées toute
une matinée pour diriger son plateau. Mais il rayonnait de
joie, cinq minutes plus tard, quand nous allions, lui, Souvestre
et moi, déjeuner, le plus souvent au restaurant des Buttes-Chaumont.
Parfois il emmenait Bout de Zan, alors en pleine gloire. Et, pour
s'occuper de l'acteur-enfant, l'homme changeait, devenait infiniment
patient, paternel, amical...
Nous causions, alors, à cœur ouvert. Projets, espoirs,
craintes s'avouaient. Il avait la modestie ordinaire de ceux qui
veulent bien faire :
- Dites, vraiment, vous trouvez bon le découpage ? Cela vous
va ? Rien à reprendre ?
Oui ! en écrivant ces lignes, je paye une dette - celle de
l'amitié qui naît de l'admiration...
La guerre de 1914 ayant sinistrement arrêté Fantômas,
le " parlant ", plus tard, étant venu compléter
- et compliquer - les jeux de l'écran, Fantômas a connu
- ou subi - d'autres metteurs en scène. Aujourd'hui encore,
Gaumont ayant racheté les droits d'adaptation, le Maître
de l'épouvante est à la veille d'une nouvelle apparition
à l'écran...
Me pardonnera-t-on, si, terminant ce rapide portrait que je viens
de tenter de mon très regretté ami, Louis Feuillade,
j'avoue souhaiter ardemment retrouver sur le plateau la même
cordialité, le même enthousiasme, en un mot le même
parfait talent qui fut l'âme des premiers Fantômas que
l'écran vulgarisa... ?
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